La Créa et l’Art, l’importance de l’instinct créatif dans les origines et évolutions de l’Art

L’instinct créatif et les origines de l’art

L’instinct créatif, ses particularités

L’instinct créatif se manifeste chez l’être humain par les flux créatifs contrairement à d’autres instincts (survie, protection, reproduction etc.) qui s’activent ou se déclenchent dans le cadre d’une interaction avec l’environnement extérieur et/ou d’un besoin physique et physiologique.

Il révèle chez l’être humain sa capacité, son potentiel à (dans les grandes lignes) :

  • interagir lui-même avec son environnement, ce qui l’entoure,
  • générer des actions (de la représentation à la modification, transformation par le mélange ou autre),
  • produire des éléments matériels (formes, couleurs ; matières, objets etc.),
  • produire des systèmes,
  • créer tout simplement.

Les artistes ont la faculté de s’approprier ce qui les entoure et d’en faire usage d’une manière ou d’une autre. Tandis que certains verront un nuage, d’autres y verront des formes, un animal par exemple. Tandis que certains joueront avec le sable (à le faire glisser entre leurs doigts), d’autres l’utiliseront comme un matériau et construiront une architecture (un château par exemple) ou des formes etc. Attention, il n’est pas question de porter un juger de valeur sur les personnes dites créatives au détriment de celles qui ne le sont pas ou le sont moins. Chaque individu dispose d’un capital différent et fort heureusement ! Il s’agit juste de mettre en exergue certains comportements différenciateurs sous l’influence de l’instinct créatif. Bien évidemment, entre les artistes eux-mêmes, les comportements varient et les résultats (ou productions) peuvent s’avérer bien différents.

Qu’est ce que l’art ?

L’art peut se résumer comme étant le produit de l’instinct créatif. Il s’agit avant tout d’une question de moyen, de méthode dans la mise en application des pulsions créatives.

Prenons un exemple : je remarque qu’il y a quelques pierres par terre (de natures différentes et de tailles moyennes que l’on peut prendre dans ses mains).

Dès lors que j’ai choisi de prendre des pierres dans les mains, particulièrement ces deux pierres plutôt que d’autres, mon choix a été conditionné par l’attractivité qui s’exerçait entre ces éléments et mon propre corps. Ce phénomène est appelé attraction et se distingue de l’interaction dans le sens où il n’est pas forcément soumis à une action. Dans le cas où une pierre se détacherait d’un massif rocheux et tomberait à proximité alors il s’agirait d’une interaction.

Par la manipulation manuelle (le toucher) de ces deux pierres, on apprend un certain nombre de choses : le poids (légère ou lourde), la consistance (dure ou tendre), la structure (compacte, feuilletée, trouée, moulinée etc.), l’aspect (brut et/ou poli, tranchante et/ou douce), l’état (sèche ou humide) éventuellement la forme.

Par l’observation (la vue), on apprend encore un certain nombre de choses : la valeur colorée, la vivacité, la tonalité, les nuances et également la forme.

Dès lors qu’on fait intervenir d’autres sens, on en apprend encore : le goût (est-ce qu’elle a un goût ou non ?), l’odorat (est-ce qu’elle dégage une odeur ou non ?) et l’ouïe (est-ce qu’elle produit du son au contact d’autres éléments ?).

Concentrons-nous sur le toucher et la vue, sans même véritablement prendre conscience de tous ces aspects, le corps lui a déjà enregistré, mémorisé toutes les informations dont il dispose et aura en parallèle réagit (réactions sensorielles) à l’ensemble des facteurs. Ces réactions peuvent nous apparaître inexistantes comme au contraire bien présentes (frisson corporel au toucher, sensation agréable ou au contraire désagréable, appréciation visuelle etc.). Le corps est donc capable de déclencher lui-même une émotion sans l’activation et participation d’un instinct. Cela s’explique précisément car l’individu se place comme un réceptacle, un receveur. Cette émotion provoque ensuite une réaction comportementale (je la jette, je continue à la manipuler ou autre).

[Créa & Art] Les manifestations corporelles et réactions comportementales :

Créa & Art : les manifestations corporelles et réactions comportementales

Dès lors que l’on sort de la dimension purement instinctive, on rentre dans un processus d’intellectualisation (détails dans Créa & Sciences),

Si je continue à manipuler la pierre, je rentre dans une forme d’apprentissage avec l’objet. C’est précisément à cette étape là que l’instinct créatif va se manifester et entrainer l’individu à expérimenter son rapport à l’objet. Si ça peut me couper, je peux couper autre chose avec. Si c’est solide, ça peut peut-être me permettre d’écraser quelque chose avec. Si je frotte la première pierre avec la deuxième alors je peux modifier son apparence etc.

Ce qui était à l’origine une pierre peut devenir alors un matériau, un outil ou encore un support.

Dès lors qu’un élément subit une intervention, une modification, une transformation et qu’on lui attribue une fonction ou que l’on transpose sa fonction d’origine vers une toute autre fonction, on établit un rapport créatif.

L’art et ses champs d’application

En réponse à un besoin 

-> Besoin créatif
Comme évoqué dans le flux créatif immatériel, le besoin peut être si puissant qu’il en devient impossible de faire autrement que de passer à l’acte.

-> Besoin représentatif
Il se caractérise par la nécessité de représenter son émotion.

-> Besoin communicatif
Il se caractérise par la nécessité de transmettre son potentiel créatif et ses émotions. Certains individus y seront sensibles, d’autres non.

En lien avec un ou plusieurs objectifs

-> Existentiel (laisser son empreinte, sa trace)

-> Identitaire ou communautaire (dans une dimension matérielle fonctionnelle : outil, arme, objet etc. et/ou dans une dimension disons sociologique d’appartenance)

-> Religieux, mythologiques ou croyances diverses (dans une dimension de glorification : le sacré par exemple)

-> Culturel (dans une dimension non fonctionnelle : peinture, sculpture etc.)

-> Territorial (marquer son territoire)

-> Historique (dans une dimension mnémonique : peinture d’histoire par exemple)

-> Architectural (dans une dimension d’abord sociale : subdiviser la communauté par regroupement familial ou affinitaire)

-> Economique, Commercial (artisanat)

L’art se révèle être à l’origine de toutes formes de productions, de techniques et de thématiques. Il est directement impliqué dans un processus d’adaptation et d’évolution et surtout il est soumis à l’intervention humaine (qui est elle-même régie par l’instinct créatif ou instinct de création).

L’évolution du concept d’art

A la préhistoire, le concept d’art n’existait (à priori) pas. La créativité reposait sur des principes de besoins. Les ‘Hommes Préhistoriques’ étaient très certainement plus à l’écoute de leurs instincts que les Hommes contemporains ne peuvent l’être. Leurs découvertes, leurs apprentissages, leurs approches instinctives ont permis d’établir des relations complexes sur un mode de fonctionnement pourtant très simple. Des relations sociales à la maîtrise de l’environnement naturel aux productions diverses et variées, l’Homme préhistorique a posé les fondements de notre civilisation entière. En étant proche de lui même et en respectant son fonctionnement propre, il a su mettre à profit son potentiel qui s’est révélé ingénieux dans le respect des principes d’évolutions naturelles et humaines.

Dans l’Antiquité, la notion artistique a pris forme dès lors qu’une catégorisation des activités a donné lieu à une réflexion et que les Hommes ont entrepris de maîtriser leurs activités aussi bien au niveau de la Recherche que du Perfectionnement. La notion abstraite d’Esthétisme (l’Esthétique) émerge avec Platon et Aristote qui s’interroge sur la question du Beau. L’évolution intellectuelle a permis à cette époque de sectoriser les activités artistiques : la tragédie, poésie lyrique, la danse, le chant etc.

Au Moyen-Age, la nomenclature s’est imposée par une organisation structurelle en profondeur du savoir. Dès lors qu’on explore, étudie, exploite une thématique, elle se subdivise obligatoirement en domaines d’activités puis branches d’activités dans lesquelles peuvent se former des groupes etc.

A la Renaissance, la volonté d’excellence atteint son paroxysme à tout point de vue : aussi bien dans l’excellence du résultat que dans la valorisation des domaines d’activité (de premier niveau donc). En somme, une fois qu’on ne pouvait plus démultiplier les activités (déjà toutes existantes et catégorisées, enfin à cette période bien sûr !), le retour aux sources (plus précisément Antique dans ce contexte) s’imposait comme une évidence. Une fois que toutes les pratiques semblaient être exploitées [QUOI], l’idée étant de se consacrer et se focaliser sur leurs mises en application [COMMENT]. Ce qui fait naître : L’Art ’de faire, de faire quelque chose, l’art de quelque chose’, la considération du talentueux ou ingénieux artiste. L’espace et le volume sont à l’honneur (sculpture et architecture) ainsi que ceux de la surface (dessin, peinture, gravure) qui ont eu pour effet de créer de nouvelles techniques de représentation comme la perspective et faire éclore la notion d’Esthétique.

Au XVIIIe siècle, on rentre à nouveau dans une subdivision mais cette fois de la pratique en elle-même [LE POURQUOI DU COMMENT] et du rapport de l’objet de création dans son environnement et de ce qu’il doit faire prévaloir.

Au XIXe siècle, la matérialité et l’expressivité sont au cœur des préoccupations artistiques.

Au XXe siècle, l’art est devenu un véritable concept à part entière. A cette époque, Il se différencie par le fait que la finalité prédomine, il devient une fin en soi. On voit émerger des systèmes (corporels, mentales, gestuels, pensées, de conceptualisation). Il y a un éclatement du rapport de l’œuvre avec le spectateur [DE QUI, A QUI, POUR QUI], de sa propre existence [POURQUOI]. Ce qui a conduit les artistes à réintégrer d’autres thématiques et domaines d’activités allant même jusqu’aux activités du quotidien pour réhabiliter l’Art dans son ensemble. En cela, on en revient (image métaphorique) au rapport que les ‘Hommes Préhistoriques’ entretenaient avec l’Art.

Conclusion

Cette démonstration permet de mettre en évidence le caractère cyclique que peut exercer l’évolution (Temps) et le tissage qui coexiste entre les éléments (Espace). Cela permet également de démontrer que l’instinct créatif n’opère pas dans une dimension particulière (art, artistique) mais qu’elle est inhérente à la nature humaine et non à son environnement. Enfin, cela explique aujourd’hui pourquoi la créativité est revalorisée dans tous les domaines : personnels comme professionnels. Dans une entreprise dont la compétitivité est forte et les objectifs de développement importants, il n’est plus question d’avoir des collaborateurs qui appliquent mais des collaborateurs qui cherchent, qui apprennent, qui testent, qui réinventent (en plus des compétences ou du savoir faire qu’ils ont acquis). Les bases mêmes de la découverte, de l’apprentissage sont nécessaires pour parfaire le capital humain et exploiter son potentiel.